contexte
il y en a qui errent, il y en a qui cherchent. il y en a à la tête vide, vide vide vide, d’autres qui peinent encore à la soulager de tous leurs cris. d’autres qui, écroulés sur le pavé, s’y enlacent et l’embrassent comme on accueillerait son amant. certains aux démarches trop imprévisibles pour qu’on doute du contenu de leur sachet, bousculant quelques passants, s’excusant, repartent avec en cadeau une flopée d’injures. ceux qui crachent sur le béton et abattent leurs poings sur les lignes jaunes au mur, parjures d’une ville depuis bien longtemps déchue. il y en a qui s’évanouissent à force d’avaler leur fumée de clope, s’éteignent quelques temps, juste quelques instants. se pensent ailleurs, un peu, dans une atmosphère qui ne suinterait pas le gasoil et le papier journal incendié, et puis reviennent, difficilement. se redressent et flattent les encablures délavées des murs. parmi lesquelles ils ont grandi. se relevent. marchent sur les manteaux des enfants du béton. et reprennent leur paquet de clope, pour recommencer un nouveau jour. parce quoiqu’ils fassent, c’est ici qu’ils ont grandi, à la fourmilière. jamais rien ne les y arrachera – jamais rien ne la remplacera.
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